Petites chroniques de velotaf
La maîtrise du temps
Une petite discussion de machine à café comme on les aime ce matin:
- … et puis en cas de soucis, je suis chez moi en 15 minutes.
- tu veux dire, sauf aux heures de pointe!
- non, je veux dire tout le temps.
- tu veux dire, sauf quand il y a des gilets jaunes…
- non, je veux dire tout le temps!
- aaah, tu veux dire, car tu es à vélo!
- ben voilà t’as tout compris
Confinement
Pour l’instant je suis en veilleuse : comme beaucoup de confinés, il ne se passe strictement rien d’intéressant à raconter depuis un mois.
Il y a trois jours, j’ai posé mes fesses dans une bagnole et suis sorti pour la première fois « en ville » pour un achat : mes gants de travaux sont tous usés fichus.
Je suis rentré bredouille, avec en prime un vilain cafard qui m’a pourri la journée. Finalement j’ai déplacé mes fesses vers une chaise pour commander des gants sur internet. Super ambiance.
Mes vélos me manquent. Quand je passe au sous-sol, je les regarde prendre la poussière. Je devine que c’est pareil pour vous tous. Deux tégénaires ont élu domicile sous mon vélotaf : une sous la fourche, l’autre sous la selle. Je les regarde évoluer et guetter des proies, c’est passionnant.
Sinon, je regarde l’herbe pousser, il paraît que ça aide à la méditation. Ça ne marche pas du tout. Du coup, ça m’énerve encore plus.
Les 3 amis du banc
L’automne dernier j’ai changé de travail et de trajet vélotaf.
Tous les lundi, mercredi et vendredi matin je croisais 3 vieux hommes sur un banc au milieu de la foret.
La première semaine je passais devant eux à tout allure.
La deuxième semaine on s’échangeait des bonjours.
La troisième semaine je m’arrête et nous discutons quelques minutes, d’où je viens et où je vais, d’où ils viennent et le pourquoi de leur pause sur le banc, le plaisir de jouir de la beauté de la foret sur toutes les saisons, …
Semaine après semaine, je passe devant eux et on se salue. Je m’arrête de temps en temps, après une grosse pluie ou lorsque l’un des 3 n’est pas la pour échanger quelques phrases…
Janvier et le froid arrivent, je ne vois plus les hommes sur le banc, climat trop rigoureux, jour qui tarde à se lever,…?
Arrive le confinement, plus de vélos ni de piétons en foret. La mousse prend ses aises sur le banc.
Déconfinement. Retourner au bureau juste pour le plaisir de refaire du vélo! Vais-je revoir les 3 compagnons du banc ?
Les jambes reprennent leur mouvements, les cuisses se réveillent. Longer l’étang de Fontmerle, grimper la piste de la Mouginette, puis la descente rapide. Virage vers la piste des Breguieres, où se trouve le banc.
Vide…
Les jours et semaines passent, le banc toujours vide, j’oublie peu à peu ces 3 hommes, nos bonjours, nos échanges.
Vendredi matin, pas très en forme, je me force à quand même passer par la foret au lieu du trajet plus facile par la route.
Au bout de la montée, 3 silhouettes, bâton en main, dos courbés sous l’effort.
Les 3 amis du banc, dans leur marche matinale, peu avant leur pause.
« Ca fait si longtemps !
Mais ou étiez vous?
En tout cas, ça fait plaisir de vous revoir à nouveau.. »
Je vais maintenant à nouveau regarder le petit banc, en espérant le voir occupé lors de mes prochains passages…