Reprise des travaux du Bus-Tram sur la route de Grasse: disons NON aux trottoirs partagés piéton/vélo
Malgré des années de dialogue avec la CASA, ce n’est que cette semaine, que nous, membres de Choisir Le Vélo, avons appris en quoi consistent les travaux du Bus-Tram d’Antibes qui débutent ce 21 septembre 2020. Pour rappel, ce chantier qui a démarré en 2017 apporte des nouvelles voies de bus pour y faire rouler une ligne de B.H.N.S (Bus à Haut Niveau de Service) et des requalifications des voiries impliquant la mise en place d’aménagements cyclables (code de l’environnement L-228-2).
En effet, la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis a communiqué que « dans le cadre des travaux du bus-tram sur la route de Grasse, entre l’avenue de la Sarrazine et le giratoire Croix-Rouge, des aménagements cyclables seront réalisés.Ceux-ci consisteront en un large espace mixte piéton/cycliste de 4m minimum de largeur, côté Collège Bertone ».
Le projet de bus-tram est réalisé par tranche. Cette partie située en espace contraint apporte 2 voies supplémentaires pour le bus sans rien enlever à la voiture. Les modes actifs (piétons, cyclistes et EDPM) sont relégués au second plan et doivent se partager l’espace restant avec un mot d’ordre : la cohabitation. Sur ces 4m nous allons nous déplacer dans les 2 sens de la pente dont le dénivelé moyen est de 3,5%, soit à des vitesses allant de 3km/h à 40km/h sans aucune séparation ni aucune protection des usagers. Trouvez-vous cela raisonnable ? Nous trouvons que c’est dangereux et inconcevable.
Nous regrettons de n’avoir pu prendre part aux réflexions sur cet aménagement, d’autant plus que nous collaborons avec plaisir avec la CASA pour de nombreux aménagements prévus sur le territoire.
Dans une étude datant de 2016 sur Les trottoirs partagés piétons-cyclistes à l’étranger, le CEREMA rappelle qu’ « Il n’existe pas en France de statut réglementaire permettant aux piétons et aux cyclistes de circuler ensemble sur une même partie de la chaussée du type « trottoir », ceci sans restriction d’âge et d’allure au pas pour les cyclistes. » Selon le même rapport: « Avant d’envisager la mise en place du trottoir partagé piétons – cyclistes, la synthèse des pratiques étrangères a souligné le fait qu’il était nécessaire de commencer par examiner toutes les autres alternatives. Dans les pays étudiés, le trottoir partagé piétons – cyclistes est la solution de dernier recours et reste un aménagement exceptionnel. »
Les attentes des usagers concernant l’aménagement cyclable de la route de Grasse sont très fortes. Lors de la concertation sur le bus tram qui a eu lieu en 2011, le besoin d’un aménagement cyclable route de Grasse était déjà mentionné. Voici un extrait des conclusions: « Thème n°5: L’intégration des modes doux (vélos/piétons) 43 avis ont porté sur la création d’itinéraires et de modes doux. La demande de créations d’itinéraires cyclables a été quasi unanime dans le cadre de ce projet, car les personnes ont souligné un manque cruel d’aménagements cyclables autant sur Antibes que sur la technopole de Sophia. Les demandes portent notamment sur une continuité des itinéraires cyclables d’Antibes à Sophia, notamment la création d’aménagements le long de la route de Grasse. La sécurité lors des déplacements à vélo est une préoccupation majeure des cyclistes. Ils considèrent que le manque d’aménagements cyclables conjugué à un trafic routier de plus en plus important, n’encourage guère à la pratique du vélo sur le secteur Antibes/Sophia. »
Dans le projet initial, un aménagement cyclable était prévu dans les 2 sens. Un trottoir partagé n’est pas un aménagement cyclable. Il faut une véritable piste séparée des voitures, et des piétons.
Nous demander à travailler avec les services de la CASA sur une solution qui réponde mieux aux attentes des Antibois pour une ville apaisée. Toutefois, en partant du principe que les 4m minimum de largeur ne permettent pas de réaliser un trottoir plus une piste bidirectionnelle (la règlementation impose 1.8m pour les piétons et 3m pour une piste bidirectionnelle d’après un guide des aménagements cyclable du CEREMA), nous proposons une solution intermédiaire:
- Supprimer la cohabitation entre piétons et vélo pour réserver les trottoirs aux seuls piétons. De ce fait, il sera possible de diminuer la largeur du trottoir.
- Autoriser les vélos à emprunter la voie des bus dans les 2 sens: Les 2 voies de bus ne sont pas mélangées au trafic automobile, ce qui permettra aux bus la plupart du temps de pouvoir se déporter temporairement sur la voie de gauche pour doubler un éventuel vélo.
- Dans le sens montant: Rajouter une piste cyclable unidirectionnelle le long du trottoir nord en profitant de la place gagnée sur le trottoir. Cette piste cyclable devra être à un niveau intermédiaire entre le trottoir et la route. Ce changement de niveau permettra à la fois de limiter les conflits avec les piétons en marquant la différence entre trottoir et piste cyclable, et d’empêcher les voiture d’empiéter sur la piste cyclable.
- Cette piste cyclable permettra de sécuriser les usagers novices et ceux qui ne se sentiront pas en sécurité sur la voie de bus de par la différence de vitesse en montée entre un vélo et un bus. Par exemple, les collégiens qui voudraient se rendre au collège Bertone.
Lors du baromètre des villes cyclables 2019 auquel plus de 400 usagers ont répondu, la ville d’Antibes a obtenu la plus basse note : « G » c’est à dire « Très défavorable ». Et dans le palmares des villes de l’Express révélé la semaine dernière, Antibes se classe avant dernière concernant la politique en faveur du vélo.
Les Antibois ont besoin que soit mise en place une politique véritablement en faveur d’une mobilité décarbonée et ce n’est pas avec ce genre d’aménagement qui ne leur dédit aucun espace que la situation s’améliorera. En 2020 nous constatons que malgré une voie de Bus à Haut Niveau de service, cet aménagement ne remet en aucun cas en question la place de la voiture. Bien dommage pour les mobilités actives.
Nous invitons tous ceux qui estiment que l’aménagement prévu n’est pas acceptable à se rendre à la base de vie situé au giratoire de la Croix Rouge où un cahier de doléance est mis à disposition.
Bonjour,
J’adhère tout à fait!
La proposition actuelle était par défaut mieux que la situation présente qui est juste inadmissible…
Descendre la route de Grasse est faisable car comme indiqué, nous atteignons une vitesse somme toute acceptable pour les voitures (même s’il faut éviter les multiples trous et plaques d’égouts)…
La monter est vraiment un enfer car elles doublent à tout prix au mépris du code de la route.
Donc tout à fait d’accord avec votre proposition qui par ailleurs devrait être suggérée pour le chemin Saint-Claude.
Celui-ci est une caricature du bon sens avec juste rien du tout pour les vélos…
Cordialement
David
PS. Je suis pas par ailleurs intéressé à participer aux groupes de réflexion sur la mobilité le cas échéant.